mardi 15 janvier 2013

MARSEILLE Son patient avait commis un meurtre


Son patient avait commis un meurtre : procès inédit d'une psychiatre 

mardi 13 novembre 2012 

Danièle Canarelli, psychiatre, est jugée à partir de ce mardi à Marseille. La Provence

Le procès d'une psychiatre, jugée pour homicide involontaire pour avoir fait preuve de négligences dans le suivi d'un patient meurtrier d'un octogénaire, s'est ouvert mardi en début d'après-midi devant le tribunal correctionnel de Marseille, une première en France.
Journée sombre pour la psychiatrie
Devant le palais de justice, plus d'une centaine de soignants psychiatriques originaires de toute la région étaient venus soutenir Danièle Canarelli. Sur des pancartes, on pouvait lire «Ce procès est mon procès» ou encore «Journée sombre pour la psychiatrie».
La comparution de ce médecin de 57 ans marque l'aboutissement d'une plainte déposée en 2007 par le fils de la victime, Michel Trabuc.
Sortie à l'essai
Le 9 mars 2004 à Gap, Joël Gaillard avait assassiné à coups de hachette Germain Trabuc, le compagnon de sa grand-mère âgée de 83 ans, qu'il soupçonnait, dans son délire, de vouloir détourner l'héritage.
Vingt jours plus tôt, il s'était enfui de l'hôpital Edouard-Toulouse, à l'occasion d'une consultation avec le docteur Canarelli, qui envisageait de mettre un terme à une sortie à l'essai pour le ré-hospitaliser.
Fautes multiples et caractérisées
Ce malade, atteint d'une psychose schizophrénique à forme «paranoïde», avait été interné en 2000 dans l'établissement après une série d'actes de violence, dont une tentative d'assassinat. Il avait été jugé irresponsable pénalement.
Dans son ordonnance, la juge d'instruction Annaïck Le Goff a pointé «des fautes multiples et caractérisées» de la psychiatre, ayant «contribué au passage à l'acte violent de Joël Gaillard».
Traitement et précaution
Selon un expert judiciaire, Danièle Canarelli s'est obstinée «dans ses certificats successifs, à noter l'absence de toute pathologie mentale», contrairement au diagnostic «posé par ses collègues psychiatres».
Ce qui l'a «conduite à ne pas soumettre son malade à un traitement approprié» et à lui accorder fin 2003 une sortie de longue durée. Jusqu'à cette fameuse fugue du 19 février 2004 lors d'un entretien à l'hôpital.
La magistrate reproche à la prévenue de ne pas avoir pris de «mesure particulière de précaution», et ensuite d'avoir alerté les autorités tardivement.
Comité de défense
Un comité de défense a été mis en place au sein de l'hôpital, où Danièle Canarelli travaille depuis 1980. Mardi, des infirmières présentes au tribunal s'inquiétaient de l'issue de procès. «Si elle est amenée à trinquer, la prise en charge des patients va complètement changer», soulignaient-elles.
Dans un rapport publié lundi, l'Académie de médecine avait souligné la difficulté d'évaluer la «dangerosité criminologique», s'inquiétant de«l'utopie du risque zéro».

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